Sommet de Bruxelles, situation des marchés financiers européens
La pression des marchés financiers, qui avaient forcé les dirigeants européens à se regrouper lors des différentes réunions de crise afin de calmer l’implosion du système financier, semble enfin se relâcher. Le coût des emprunts des États les plus affaiblis semble le montrer. L’Espagne, par exemple, bénéficie désormais des taux d’intérêt dont elle pouvait jouir en 2009, et la fameuse agence de notation Moody’s ne rétrogradera finalement pas le pays, car selon elle l’Espagne a fourni les « preuves » de son «engagement inébranlable à mettre en œuvre» les réformes nécessaires.
En bref, les créanciers de la zone euro sont de nouveau rassurés grâce aux incalculables mesures de soutien prise en urgence ces deux dernières années.
Le sommet qui se tient en ce moment même à Bruxelles est donc le premier qui permet aux États européens de laisser de côté les sujets sensibles, l’Espagne et la Grèce n’étant pas au programme de ce Conseil, pour réfléchir à l’avenir de l’Union économique et monétaire.
Au programme, une réorganisation financière et bancaire
Mais ce sera sans hésitation aussi le premier sommet où la conscience que la zone euro s’aventure seule sur la voie d’une intégration plus rapide et plus profonde que le reste de l’Union européenne sera aussi claire. Une majeure partie du sommet devrait être consacrée aux actions mises en place en vue d’une supervision européenne singulière des 6.200 banques de la zone euro, laissant les autres banques européennes sous la surveillance de leurs seuls superviseurs nationaux. Cette étape devrait être achevée dans les mois à venir par un mécanisme de résolution des crises bancaires financé par les banques, le but étant que les fonds de garantie nationaux puissent en cas de nécessité se prêter les uns aux autres. On aurait donc un système financier complètement intégré dans cette zone euro. Le rapport sur le futur à venir de l’Union économique et monétaire propose l’établissement d’une «capacité budgétaire» à destination des pays de la zone euro. Son montant et son usage restent encore vague, mais on voit bien qu’il s’agit pour le moment juste d’un embryon. Le même rapport propose un durcissement du contrôle parlementaire dans le cadre de la gouvernance de la monnaie unique.
Si le Royaume-Uni l’accueille avec bienveillance, notamment car il lui permet d’alléger sa contribution à l’Union Européenne, cela ne sera pas forcément le cas des pays de l’est qui s’inquiètent de ce pas en avant.
L’Europe à deux vitesses qu’évoquait François Hollande, est en tout cas déjà réalité.